Histoire
Les traces les plus anciennes de l'occupation humaine datent du Néolithique ; les fouilles du lotissement des Royats ont révélé les traces d'un habitat de l'Age du Bronze final, d'un habitat rural du Bas Empire et du Haut Moyen-Age, caractérisé par des fossés, des trous de poteaux et des puits. Selon le Dictionnaire éthymologique de Dauzat et Rostaing, Gueux tirerait son patronyme de Gothi, un peuple germanique installé dans l'Empire romain d'Occident vers le début du Vème siècle. Les premiers seigneurs furent les archevêques de Reims, puis les comtes de Champagne. Ce serait par une Charte du début du XIIIème siècle que Beaudoin de Vandières, dit Beaudoin de Reims, affranchit notre territoire. Après les De Vandières, citons parmi les seigneurs de Gueux les Cauchon, Féret de Montlaurent, De Miremont, Oudan de Montmarson, De Failly, Le Bourgeois d'Augé. Selon la tradition locale, les rois de France venant se faire sacrer à Reims séjournaient au château ; en réalité, après avoir soupé et passé la nuit à Fismes, ils s'arrêtaient le lendemain à Gueux en milieu de journée pour dîner (notre actuel déjeuner). Nous ne possédons pas beaucoup d'informations sur les trois siècles précédant la Révolution. En 1788, le village comptait 353 habitants. Le cahier de doléances de 1789 indique que les usages et biens communaux sont sources de procès avec les seigneurs du lieu et ses signataires demandent que la justice soit rendue sans frais aux habitants. Le château est ensuite confisqué, démantelé et vendu comme Bien national en janvier 1798. Ce qui subsistait des bâtiments est adjugé 61400 livres au «sieur Meunier» et Jacques-Louis Meunier devint plus tard maire de la commune. Lors de la bataille de Reims, en 1814, dernière victoire de Napoléon, des troupes russes stationnent à Gueux, annonçant avec un siècle d'avance la brigade Russe qui donnera l'assaut au massif de Brimont lors de l'offensive du Chemin des Dames d'avril 1917.
Le village prend un certain essor dans la seconde partie du 19ème siècle. En 1856, Eugène Roederer, négociant en vins natif de Strasbourg, achète le château et fait construire dans le parc un bâtiment de style néo-renaissance, qui sera incendié en 1918. Maire de Gueux de 1857 à 1876, Eugène Roederer contribue au changement du village et son épouse offre à la commune une gendarmerie, une mairie, des écoles. L'église romane, jugée trop petite, est remplacée par une autre plus vaste de style néo-gothique, don de Madame Roederer. Le grand espace vide entre le château et le lac se couvre de maisons et de belles propriétés sont édifiées. Gueux est alors un village prospère, au caractère résidentiel déjà affirmé, fréquenté par des familles rémoises aisées.
Au début du 20ème siècle, le vignoble de Gueux est presque entièrement touché par le phylloxera. Lors du premier conflit mondial tout bascule. Proche du front depuis 1914, Gueux est évacué en 1918 et presque complètement détruit au cours des violents combats pour la prise de la côte 240 (tour des télécommunications de Vrigny). L'Armée française et ses valeureux Tirailleurs algériens résisteront victorieusement aux assauts de l'ennemi, permettant de garder Reims inviolée. Gueux, comme de nombreuses communes des vallées de l'Ardre et de la Vesle, se verra décerner la Croix de Guerre. Dès l'armistice, les habitants sont logés dans des bâtiments provisoires, remplacés progressivement par des maisons encore présentes.
L'Après - guerre voit le circuit accueillir ses premières compétitions automobiles en 1926, sur un tracé en triangle empruntant la N31, la RD 26 et la RD 27. Au printemps 1940, les habitants, encore une fois, doivent quitter leur maison et s'y réinstallent progressivement après la capitulation de juillet. Fin 1943, la Gestapo arrête six résistants, dont l'instituteur Raymond Sirot, qui sont déportés en camps de concentration et dont seuls deux reviendront. La libération par les Alliés, le 29 août 1944, correspond désormais à la fête patronale. Au cours des «Trente glorieuses», sous l'impulsion de son maire Jean Taittinger, le village se transforme et de nouvelles habitations voient le jour. Le village devient un bourg centre, à la vocation résidentielle toujours plus affirmée, accueillant une population active, heureuse de bénéficier du charme et de la quiétude des lieux.
Le circuit connaît ses dernières courses automobiles en 1969, avant qu'une partie des stands de ravitaillement ne soit rasée en 1970. S'en suit une lente léthargie ; les ronces envahissent les tribunes découvertes, l' «habitat block» au style art déco est vandalisé, la maison du gardien s'écroule. Au tournant des années 90, l'association des Amis du Circuit de Gueux entreprend de lui redonner âme , et la commune, propriétaire du site, initie en 2011 une souscription publique en vue de sa restauration. Ainsi, traversant les siècles et les épreuves du temps, par la volonté de ses habitants et l'engagement de ses élus, Gueux a su préserver son charme bucolique et son caractère résidentiel affirmé. Fidèle à son sol et riche de son patrimoine, elle se veut une commune accueillante, à l'articulation des espaces urbains et ruraux qui la bordent.